Dans
la seconde heure de l’émission Votre Maison sur RMC, Christian PESSEY et
François SOREL s’intéressent à la crise du logement avec l’alarmante baisse du
nombre de mises en chantier de logements neufs et de permis de construire
accordés.
Autour
de la table : Bruno POULARD, rédacteur en chef de Batiweb et Cyberarchi,
Bertrand SABLIER, délégué général de la Fédération Française du Bâtiment, Maël
BERNIER, responsable de la communication chez Empruntis (site de courtage en
ligne) et Dominique De SAUZA, Président de l’Union des Constructeurs
Immobiliers.
Voici
quelques extraits du débat :
Bertrand
SABLIER : «Il y a véritablement une crise du logement aujourd’hui, on
estime qu’il manque environ 1 million de logements et ce retard n’est pas
rattrapé malgré les engagements du Président de la République à construire 500
000 logements par an. Les attentes de nos concitoyens ne sont pas satisfaites
avec seulement 330-340 000 constructions. Les conséquences de cette situation
c’est que les ménages modestes ne peuvent accéder à la propriété, les chômeurs
ne peuvent pas se permettre la mobilité, certaines entreprises ne peuvent pas
loger leurs salariés. »
Dominique
de SAUZA : « Les prix ont atteint aujourd’hui un niveau qui
désolvabilise de nombreux acquéreurs, mais ceci est essentiellement dû à
l’empilement réglementaire et normatif qu’a subi le secteur de la construction
depuis une douzaine d’années pour, certes, donner des habitations plus
performantes thermiquement et phoniquement, mais le seuil du supportable est
lui aussi atteint. Parallèlement à cette évolution, le coût du foncier a
fortement augmenté. »
Bertrand
SABLIER : « La différence de prix au m2 selon les
villes montre bien que ce n’est pas le travail des promoteurs qui fait les prix
mais bien le coût du foncier. Quant aux normes, elles partent d’un bon
sentiment, souvent d’économie d’énergie, de sécurité, ou d’accessibilité, mais
elles impactent sur le prix, directement et indirectement avec des
constructeurs qui doivent se former. Et le pire, c’est que pour l’ancien on
entend de plus en plus parler d’obligation de travaux. Avec la norme sur
l’accessibilité dans tous les logements, on tombe dans l’excès, il faut que
tout bâtiment devienne accessible dans les 4 ans alors que le secteur public,
sensé donner l’exemple, s’est repoussé lui-même la mise en œuvre de cette norme
en 2024 ! »
Bruno
POULARD : « Le prix et le confort phonique sont devenus des
critères essentiels, la conformité aux normes sont des charges en moins pour la
suite.»
Maël
BERNIER : « Les taux d’emprunt sont effectivement bas, mais les
critères d’endettement pour les banques restent à 33% des revenus. Le niveau
des prix élimine de fait de nombreux potentiels acquéreurs. Il existe des
dispositifs pour aider à l’achat, le PTZ par exemple, mais les gouvernants ont
tellement rabaissé la limite des conditions de revenus pour l’obtenir que ceux
qui sont eligibles à ce prêt à taux zéro n’ont pas les moyens
d’acheter. Pour couronner le tout, les droits de mutation vont augmenter
au 1er mars, ajoutant encore des frais à l’acquisition.»
François
SOREL : « On se demande si les gouvernants veulent vraiment qu’on
utilise ces prêts pour l’acquisition d’un logement ».
Bertrand
SABLIER : « Le prêt à taux zéro, créé en 1996 par P.A. PERISSOL, a
permis à 1 million de personnes d’en profiter, essentiellement des jeunes. Le
fait d’avoir raboté les conditions d’accès à ce prêt de façon drastique est un
drame pour les jeunes générations qui ne peuvent plus bénéficier de cet
outil. »
Maël
BERNIER : « Aujourd’hui les banques ne prêtent plus sans apport,
il faut au moins être en mesure de payer les frais de notaire. Les taux en
février 2014 tournent autour de 3,35%. Le taux d’endettement ne doit pas
dépasser 33%, autrement dit, un couple qui gagne 3000€ a une capacité de remboursement de 1000€. La situation professionnelle de l’emprunteur est
très importante, le CDI est un bon passeport vers le crédit. Il faut éviter
tout découvert dans les mois qui précèdent la demande de crédit. Une épargne
régulière, ne serait-ce que minime, est un bon exemple de gestion en « bon
père de famille ». Les taux d’emprunt devraient rester bas jusqu’en juin,
mais le poids de la dette française va finir par peser et se faire ressentir
par les banques. »
Retrouvez le podcast de cette émission ici: Votre maison
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